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Une lecture decolonial de l’histoire des haïtiens Jean Casimir

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Description

Sociologue, Jean Casimir enseigne à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti (UEH) depuis 2001. Il contribue, depuis 2013, aux cours d’été du Collège universitaire Roosevelt de l’Université d’Utrecht, au Pays-Bas, organisés en collaboration avec le Center for Global Studies and the Humanities de l’Université Duke aux États-Unis.

Ancien fonctionnaire du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de la Commission Économique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPALC), de 1970 à 1985, il fait partie du Conseil Électoral Provisoire d’Haïti (1990-1991) et a représenté son pays comme ambassadeur plénipotentiaire aux États-Unis d’Amérique et comme Représentant Permanent auprès de l’Organisation des États Américains (OEA) de 1991 à 1997.

 

 

Qu’entend-on par révolution haïtienne ? La réponse dépend du lieu d’où vous partez. Des héros célèbres de la révolution, Toussaint L’Ouverture, Jean-Jacques Dessalines et Henry Christophe, qui se sont soulevés contre la gestion de l’île faite par la France, mais sans remettre en question la forme d’État-nation qu’ils voulaient créer ? Ou bien du premier président d’Haïti après l’assassinat de Dessalines, Alexandre Pétion, et sa politique de conciliation avec le gouvernement français ? Eh bien, il se trouve que Casimir ne part ni de l’un ni de l’autre lieu ; mais du pouvoir et de la beauté du peuple souverain. (…) (S)i vous partez des héros et maintenez le silence sur le peuple souverain, vous êtes en plein dans la politique coloniale de la connaissance. Si vous déplacez la géographie du raisonnement et que vous la laissez guider par ce qui vous émeut, vous vous engagez dans le processus en expansion d’une politique décoloniale du savoir, du sentir, du croire.Au-delà des histoires officielles auxquelles nous sommes habitués et où résonnent des noms propres (ceux que j'ai mentionnés), il y a les silences du passé (pour reprendre l'heureuse formule de Michel-Rolph Trouillot) : la beauté du peuple souverain. Voici précisément par où commence Casimir.

Walter D.Mignolo

 

L’État colonial et raciste des Temps modernes, au sein duquel émerge le peuple haïtien, exclut toute participation populaire. (…) La fonction publique qui prend la relève en 1804 affiche un mépris des connaissances et des pratiques du peuple, identique à celui de l’État moderne, mais sans pouvoir les bâillonner, les influencer, les modifier, et encore moins prétendre les extirper, malgré sa pléthore de lois et de règlements (…). L’État colonial et l’État du XIXe siècle ne gèrent pas la communauté des Haïtiens considérée comme une entité organique reliée par les institutions de sa propre société civile. (…) Durant le XIXe siècle, les gouvernements ne modifient pas la vie économique et sociale et n’exercent aucune influence sur la production et la gestion de l’excédentéconomique.

 

Une lecture decolonial de l’histoire des haïtiens Jean Casimir
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