Histoire des révoltes panafricaines par C.L.R., James
Histoire des révoltes panafricaines par C.L.R., James
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Description
Ce petit livre de C. L. R. James possède toutes les caractéristiques du trésor caché : sa première édition paraît en 1938, la même année que Les Jacobins noirs, chez un éditeur rattaché à l’Independent Labour Party. Largement ignoré à l’époque, éclipsé par le chef-d’oeuvre consacré à Toussaint Louverture, il ne reparaît que 31 ans plus tard, aux États- Unis, à l’initiative d’une petite maison d’édition appartenant au courant du nationalisme noir. Mais cette édition, comme les suivantes, pâtit d’une mauvaise diffusion. Ce n’est qu’à la faveur d’une nouvelle réédition, en 1995, qu’il est véritablement découvert et reconnu comme l’un des principaux ouvrages de James, comme un classique au même titre que Les Jacobins noirs.
Histoire des révoltes panafricaines propose, à une époque où la quasi- totalité du monde noir vit encore sous le joug colonial, une histoire mondiale de la résistance des Noirs, de Saint-Domingue aux colonies africaines, en passant bien sûr par les États-Unis et les autres îles des Antilles. L’épilogue, écrit par James en 1969, revient sur la décolonisation de l’Afrique, le mouvement des droits civiques aux États-Unis, les conflits dans les Caraïbes, prolongeant, précisant et corrigeant les positions avancées à la fin des années 1930.
L’une des premières originalités de l’ouvrage est de rompre avec le cliché des primitifs subissant passivement leur exploitation. « Le seul endroit où les Noirs ne se sont pas révoltés, écrivait James, c’est dans les pages écrites par les historiens capitalistes. » Aussi place-t-il les travailleurs noirs au centre de l’histoire mondiale, incluant, sans les hiérarchiser, un ensemble très divers de rébellions : révoltes d’esclaves, grèves, mouvements millénaristes ou antiracistes. Ce sont les masses qui font l’histoire, dans les conditions et avec les croyances qui sont les leurs ; les leaders, Toussaint comme Nkrumah, Garvey comme Nyerere, ont toujours été portés et produits par des processus collectifs. Manière de sortir aussi bien des approches marxistes axées sur l’ouvrier de l’industrie que des visions hagiographiques exaltant les « grands hommes de l’histoire ». Par son sujet et par son traitement, le livre de James n’a pas pris une ride ; au contraire, il pourrait même être encore en avance sur notre temps.
C. L. R. James est né en 1901 à Trinidad et mort à Londres en 1989. Pionnier de la cause noire et du panafricanisme, il fut aussi l’un des principaux théoriciens d’un marxisme ouvert, démocratique et internationaliste. De son oeuvre foisonnante n’ont été traduits en français que Les Jacobins noirs et Marins, renégats et autres parias : l’histoire d’Herman Melville et le monde dans lequel nous vivons (Éditions Ypsilon).