Alaso #5 | Dous
Alaso #5 | Dous
Description
Ce cinquième numéro d’Alaso naît au moment où le chaos et la terreur atteignent un nouveau seuil à Port-au-Prince : celui de la paralysie. La capitale presque coupée du reste du pays par les grandes routes nationales, l’est, également par voie aérienne, à l’heure du bouclage de ce numéro (mars 2024). Celles et ceux qui pouvaient, ne peuvent plus, même par avion. Se retrancher. Risquer la route, passer par la montagne de Jacmel, ou trouver quelqu’un qui connaît quelqu’un qui peut obtenir un ticket hors de prix pour un hélicoptère vers le Cap-Haïtien, Jacmel ou la République dominicaine. Mais ce n’est qu’une partie du périple, encore faut-il avoir les moyens, ou connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un pour payer l’hébergement dans des villes mal approvisionnées, où les prix sont inabordables. Et attendre qu’une place se libère sur un vol, lui aussi au prix excessivement élevé, vers Miami. Là, pas besoin de connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un, le jeu est plus périlleux, il nécessite de disposer du Saint Graal : un visa pour les Etats-Unis ou d’être en liens avec Biden.
Dans ce contexte, il aurait été facile d’opter pour un thème qui résonne avec l’actualité, mais ce serait se tromper sur l’aspect momentané de la situation. La terreur implicite, quotidienne, circonscrite à certains espaces, s’est déployée partout. Et si nous ne prenons pas la mesure des couches superposées de violences, ressentiments, injustices sur des décennies, il sera facile de se vautrer, comme il est possible de voir sur les réseaux sociaux, dans la nostalgie colonialiste empreinte de révisionnisme de la « perle des Antilles », un espace où ce n’est pas la justice sociale qui compte mais la possibilité de produire des images pour le storytelling. Ce cinquième numéro, Dous [plaisir/désir], n’est pas une échappatoire à la réalité mais la continuité dans le projet que représente un espace de la pensée féministe : tenir la ligne en dépit des vents contraires. Alaso n’étant pas une revue d’actualité ou un journal, n’a pas l’impératif de répondre aux événements du moment, mais en tant qu’anthologie féministe, elle doit être un espace pour un moment. Chaque numéro s’y attelle, pour apporter un éclairage du présent, du passé mais aussi faire office d’archives, pour servir de repère du moment de sa création. Dous, le plaisir/désir est abordé dans ce numéro à l’échelle personnelle, intime et politique, parfois toutes les trois entremêlées